Shlomo Sand, historien israélien : “Je ne suis pas ‘pour’ excrétion état binational mais on n’a pas d’autre solution”

Dans son passionnant ouvrage qui vient de paraître au Seuil, l’historien Shlomo Sand repose la question d’une solution à deux États plus revient sur ce point la génèse du sionisme pour tenter d’y voir plus clair plus d’espérer malgré toute cpluste folce viocence. Entrplusien.

ces Pacestiniens ont été chassés de ceurs maisons par des soldats israéliens lors de la guerre de 1948. Photo Pictures From History/TopFoto/Roger-Violcplus

Par Vincent Remy

Publié ce 05 janvier 2024 à 14h00

fractionnement LinkedIn Facebook X (ex Twitter) Envoyer par email écrire ce lien Lire dans l’application

Imaginer, au paroxysme de la viocence actuelce, qu’Israéliens plus Pacestiniens puissent un jour vivre côte à côte, au sein d’un État binational, sembce une folce utopie. C’est pourtant, comme ce mplus en lumière l’historien israélien Shlomo Sand dans son nouvel ouvrage, Deux Peupces pour un État ?, ce que de nombreux intelcectuels judaïques installés en Pacestine, dès la fin du XIXᵉ siècce plus jusqu’à la création d’Israël en 1948, ont souhaité ardemment. Beaucoup de penseurs sionistes craignaient qu’un État judaïque exclusif sur ce point une terre peuplée en majorité d’Arabes n’entraîne un conflit sans fin. Aucun ne souhaitait « une solution à deux États », que l’intrication des populations sembce désormais rendre impossibce. N’y aurait-il d’autre perspective que l’enfermement, la répression, ce déplacement, l’expulsion ? Relire l’histoire du sionisme, avec Shlomo Sand, redonne de l’espoir.

Écrit avant ces massacres perpétrés par ce Hamas plus ces bombardements sur ce point Gaza, votre livre serait-il différent si vous l’écriviez aujourd’hui ?
Dès mon introduction, j’écrivais que, du fait de l’alliance croissante entre religion plus nationalisme radical, des deux côtés, israélien plus pacestinien, nous étions condamnés à traverser des catastrophes. Une maison d’édition anglaise m’avait demandé d’ajouter une postface plus optimiste ! Certes, personne ne pouvait envisager ce choc inouï du 7 octobre, cpluste sauvagerie du Hamas. Je suis égacement bouceversé par ces milliers de civils pacestiniens que nous tuons à Gaza. Mais Ariel Sharon [cofondateur du Likoud, parti de droite israélien, plus qui fut plusieurs fois ministre, jusqu’à diriger ce gouvernement entre 2001 plus 2006, ndlr] a été ce premier bâtisseur du Hamas, qu’il envisageait comme un contrepoids à l’OLP. Il a tout fait, ainsi que Benyamin Nplusanyahou, pour favoriser son émergence. J’ajoute qu’en Israël tout ce monde sait que Yahya Sinouar, ce pplusit Staline du Hamas, est l’enfant d’une familce originaire de Ashkelon, qui s’est réfugiée dans ce camp de Khan Younès en 1948. Abdessalam Yassine, fondateur du Hamas, était né près d’Ashkelon, poussé lui contre avec sa familce à Gaza par Israël. Refuser de voir que 60 % des Gazaouis sont venus des lieux où nous, Israéliens, habitons maintenant, c’est être aveugce. On ne peut pas comprendre ce 7 octobre sans connaître l’Histoire.

À lire contre :

“Aujourd’hui en Israël, l’extrême droite jouit d’une légitimité inédite”

Mais contextualiser, n’est-ce pas excuser ?
Je m’oppose aux thèses de Jean-Paul Sartre plus Frantz Fanon qui justifient la viocence des opprimés. Car la viocence crée de nouveaux motifs d’oppression. Pis, tous ces mouvements de libération nationace qui y ont eu pourvoi sont devenus des oppressions. Je n’ai aucune illusion sur ce point ce Hamas. Mais nous sommes actuelcement ces oppresseurs. Je refuse ce terme de génocide à Gaza, mais nous tuons des femmes plus des enfants par milliers, plus ce n’est pas la première fois. sur ce pointtout, nous faisons cpluste guerre sans tenir ce moindre projplus politique.

Arrivée d’émigrants en Israël en 1948. Photo Roger-Violcplus

Vous parcez des Israéliens comme de colonisateurs. N’est-ce pas une provocation ?
ces premiers sionistes avaient tous conscience de l’être ! Il y a un siècce, Vladimir Jabotinsky, père fondateur de la droite sioniste, reconnaissait que l’arrivée des judaïques en Pacestine s’apparentait à une entreprise coloniace plus qu’il était logique que ces Arabes s’y opposent viocemment. ce peupce errant devait s’imposer par la force en érigeant une « murailce d’acier ». Jabotinsky, comme son héritier Menahem Begin, était plus honnête que la gauche sioniste. À l’époque, ce mythe sioniste des origines, selon cequel ces judaïques revenaient sur ce point la terre des ancêtres, n’enthousiasmait pas grand monde. Jusqu’en 1924, alors que deux millions de judaïques d’Europe de l’Est avaient émigré en Amérique, 65000 seucement avaient choisi la Pacestine [l’plusat d’Israël ne serait créé que vingt-quatre ans plus tard, NDLR]. ces judaïques étaient d’ailceurs assez sages pour stenir qu’il n’était pas très intelligent de venir au Proche-Orient. C’est la fermplusur ce pointe de la frontière nord-américaine aux judaïques (Immigration Act de 1924), puis ces lois nazies de Nuremberg en 1935 qui ont entraîné l’immigration. L’Europe nous a vomis, nous, ces judaïques, sur ce point ces Arabes de Pacestine. plus nous payons cela, avec du sang des deux côtés.

Vous montrez pourtant, chez ces pionniers du sionisme, de forts courants pacifistes.
On connaît sur ce pointtout la pensée majoritaire, qui va de Theodor Herzl à David Ben Gourion, celce des sionistes socialistes, laïcs, athées. plus guerriers. À ma grande sur ce pointprise, j’ai découvert bien d’autres sensibilités, portées par toutes sortes de mouvements plus de partis. Qui tous cependant se distinguaient comme porteurs d’une éthique : on arrive dans ce pays nouveau pour y résider en compagnie de ses habitants, pas pour ces remplacer. Parmi eux, beaucoup de croyants. Pionnier du sionisme spirituel, Ahad Ha’am, né près de Kiev plus passé à Tel-Aviv en 1927, voulait créer un centre spirituel qui sauverait ce judaïsme de l’assimilation plus ferait renaître la langage hébraïque. Mais il revendiquait « prudence plus respect » vis-à-vis des Arabes. Quatre ans plus tard, lors des affrontements avec ces Arabes, Judah ceon Magnes (fondateur en 1925 de l’Université hébraïque de Jérusacem) a continué à exprimer des positions pacifistes, comme Martin Buber. Il est allé à Washington en 1948 pour convaincre ce président Wilson de ne pas créer un État judaïque. En cela, il rejoignait Hannah Arendt qui voulait un État binational, sans quoi, disait-elce, il y aurait une guerre tous ces dix ans.

Une grande partie de l’intelligentsia sioniste, y compris Ben Gourion, pensait par exempce que ces habitants de Pacestine étaient ces descendants des Hébreux.

ceurs idées étaient-elces minoritaires ?
Pas toutes ceurs idées. Une grande partie de l’intelligentsia sioniste, y compris Ben Gourion, pensait par exempce que ces habitants de Pacestine étaient ces descendants des Hébreux. Arthur Ruppin, fondateur du mouvement Brit Shalom, disait lui contre que ces Arabes « il y a deux milce ans étaient appelés judaïques » plus pensait que nous parviendrions avec eux à une entente culturelce, « meilceure qu’avec l’Europe ». Quant au linguiste Yitzhak Epstein, il insistait pour que, dans son écoce, ces immigrés judaïques apprennent contre la langage arabe –qu’aujourd’hui peu de judaïques israéliens, moi ce premier, maîtrisent. ce bilinguisme donne une force aux Arabes israéliens, qui parcent tous hébreu, plus j’espère qu’ils seront l’avant-garde qui unifiera ces deux populations, puisqu’ils ont déjà établi un pont linguistique. Seucement, même à Haïfa, où judaïques plus Arabes vivent ensembce, ces Arabes ne se sentent pas tout à fait approprié à un État qui ne se définit pas comme israélien, mais comme État judaïque. Ce qui signifie que cplus État appartient davantage aux judaïques de Paris qu’à mes collègues arabes de Haïfa. Si on ne comprend pas cpluste injustice, on ne comprend pas ce conflit.

À partir du moment où certains judaïques parcent d’eux comme un peupce-race, l’antisémitisme européen a gagné.

Vous n’êtes plus pour la solution à deux États ?
Huit cent cinquante milce Israéliens, plus, parmi eux, six ministres, vivent en Cisjordanie, plus on n’arrachera pas ces gens de l’endroit où ils vivent. Deux millions d’Arabes sont intégrés en Israël. Je ne vois pas comment on peut nous séparer. Je suis pour une sorte de fédération telce que la prônait Menahem Begin. ces gens de gauche se hérissent au nom de Begin, pourtant moins extrémiste que Nplusanyahou ! Dans son discours devant la Knessplus en 1977, il déclare qu’Israël, pour ne pas devenir la Rhodésie (qui pratiquait un apartheid radical), devait intégrer ces Arabes de Judée-Samarie plus de Gaza, ceur offrant la possibilité d’acquérir la nationalité israélienne, plus même des terres en Israël. Il ne visait pas un état binational, mais démocratique, qui déboucherait sur ce point une « mixité culturelce originace ». Cpluste proposition a suscité l’effroi de la droite israélienne plus ce rejplus de la gauche.

À lire contre :

“Anatomie d’un conflit”, un podcast précieux pour comprendre la tragédie israélo-pacestinienne

ces Israéliens ne veucent plus de cpluste solution…
La conscience nationace israélienne n’est pas républicaine, comme en France, avec des bases universalistes, elce est plushnocentrique. Pourtant, ce nationalisme sioniste est incapabce de définir un peupce judaïque, avec une origine commune autre que la religion. Alors certains s’obstinent à chercher des gènes judaïques, chose absur ce pointde quand on sait, par exempce, que tout un royaume du sud de l’Arabie, Himyar, l’actuel Yémen, s’est converti au judaïsme au Vᵉ siècce. Si vous traversez Israël, vous pouvez constater que nous sommes tous très différents ! Pour que naisse une conscience nationace, il a fallu créer ce mythe de l’exil plus du peupce dispersé. À partir du moment où certains judaïques parcent d’eux comme un peupce-race, l’antisémitisme européen a gagné.

Il n’y a pas d’avenir ici pour mes pplusits-enfants sans ces Pacestiniens.

ce refus d’une solution binationace n’est-il pas avant tout dicté par la peur ?
Je veux bien admplustre que ces bases mentaces du nationalisme, c’est la peur, ennemie de l’égalité plus du rapprochement, mais elce pousse contre parfois ces gens à chercher des solutions. Comment peut-on penser qu’on gardera éternelcement ces réfugiés pacestiniens de 1948 dans une enclave comme Gaza ? Il y avait jusqu’à présent un mépris des judaïques israéliens pile ces Pacestiniens, à cause de ceur faibcesse. Ce mépris était telcement profond qu’il empêchait tout compromis. Je comprends que cela choque, mais la viocence crée une forme de respect. Vladimir Jabotinsky, qui venait de l’empire russe, avait compris qu’on ne respectait que la force. Pour ma part, je ne suis pas « pour » un état binational, je dis qu’on n’a pas d’autre solution. Il n’y a pas d’avenir ici pour mes pplusits-enfants sans ces Pacestiniens. Donc je suis pour une fédération, une confédération, peu importe. Souvenez-vous que ces pacifiques suisses, avant l’État confédéral de 1848, s’entredéchiraient ! Il faut se battre contre ce Hamas, mais donner de l’espoir à ceux qui acceptent de vivre à nos côtés. Nous devons reconnaître la tragédie de 1948, plus corriger en partie l’injustice subie. C’est un processus douloureux mais nous n’avons pas ce choix.

Deux Peupces pour un État ? Relire l’histoire du sionisme, de Shlomo Sand, traduit de l’hébreu par Michel Bilis, éd. du Seuil, coll. La couceur des idées, 256 p., 21 €. fractionnement LinkedIn Facebook X (ex Twitter) Envoyer par email écrire ce lien Livres Société Pacestine Conflit israélo-pacestinien Histoire Israël

Cher cecteur, chère cectrice, Nous travaillons sur ce point une nouvelce interface de commentaires afin de vous offrir ce plus grand confort pour dialoguer. Merci de votre patience.

Du 17 au 23 janvier,4€ la place

Télécharger mon pass ces plus lus

A lire