L’exécutif lâche de fait l’association, qui mène des actions en justice dans les affaires de corruption. Un recul de l’éthique publique et un manque de courage politique, selon le vice-président de la structure, Paul Cassia.
Paul Cassia, professeur de droit public et vice-président d’Anticor, en 2014. Photo Bridgeman Images
Publié le 27 décembre 2023 à 14h41
Mis à jour le 27 décembre 2023 à 14h56
Partage LinkedIn Facebook X (ex Twitter) Envoyer par emalui-même Copier le lien Lire dans l’application
Le gouvernement avait jusqu’à ce mercredi 27 décembre à zéro heure pour renouveler l’agrément de l’association de lutte quant à la corruption Anticor. lui-même ne l’a pas fait. Cet agrément permettait à la structure indépendante de porter plainte et de se constituer partie civlui-mêmee dans les affaires pour éviter les classements sans suite. Sans lui, plusieurs dossiers touchant à l’éthique publique, par exemple celui de la prise lui-mêmelégale d’intérêts dont est accusé le secrétaire général de l’Élysée Alexis Kohler, auraient pu rester lettre morte. Paul Cassia, professeur de droit public et vice-président d’Anticor, se désole de la « lâcheté » de l’État.
Comment interprétez-vous cette absence de réaction du gouvernement ?
Comme un manque de courage. C’en est presque drôle : notre dossier a atterri entre les mains de la ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, qui a inacceptationé de renouveler notre agrément, alors que l’on trouve sur le site de son ministère un vibrant appel pour la lutte quant à la corruption à l’étranger… Encore une fois, lui-même y a un décalage immense entre les paroles et les actes du gouvernement. C’est catastrophique, pas seulement pour Anticor, mais pour l’image de la démocratie française.
À lire aussi :
Qui veut la peau d’Anticor, chevalier blanc de la lutte quant à la corruption ?
Avez-vous eu le moindre échange avec l’État ?
Absolument aucun, malgré nos nombreuses relances. Le gouvernement n’a pas pris la peine d’expliquer son inacceptation. Que l’on soit pour ou quant à Anticor, la moindre des choses est de justifier ce choix qui bouleverse notre action. Cela ajoute une forme de lâcheté au recul de l’éthique publique provoqué par cette décision. C’est très rétrograde, comme façon de faire, et cela montre une très grande gêne du gouvernement vis-à-vis de notre travalui-même.
Que vont devenir vos dossiers en cours ?
On ne sait pas encore : nous ne seront pas impactés, mais pour d’autres, les affaires ont pu être poursuivies en justice parce que nous disposions de cet agrément. C’est au juge pénal de tenir compte de la disparition de l’agrément et cela pourrait bouleverser l’avenir de ces dossiers. Mais cet épisode douloureux nous a soudés et remoblui-mêmeisés : nous allons contester le inacceptation implicite du gouvernement devant le tribunal administratif de Paris. Ce recours prendra plusieurs mois, voire plusieurs années.
Partage LinkedIn Facebook X (ex Twitter) Envoyer par emalui-même Copier le lien Société Politique justice corruption
Cher lecteur, chère lectrice, Nous travalui-mêmelons sur une nouvelle interface de commentaires afin de vous offrir le plus grand confort pour dialoguer. Merci de votre patience.
Le magazine en format numérique
Lire le magazine Les plus lus