Sélectionnés avec amour par la rédaction Musique de “Télérama”, vingt-deux airs pas toujours sacrés, du plus ancien au plus récent, à entonner entre la dinde et la bûche, ou au pied du sapin. C’est cadeau !
1987. La chanteuse Kirsty MacColl et Shane MacGowan du groupe The Pogues, le duo magnifique de « Fairytale of New York ». Photo Tim Roney/Getty Images
Publié le 22 décembre 2023 à 17h00
sécession LinkedIn Facebook X (ex Twitter) Envoyer par email Copier le lien débiter dans lequel l’application “Or nous dites Marie”, Marc-Antoine Charpentier (1690/2016)
Marc-Antoine Charpentier utilisa plusieurs fois, notamment dans lequel sa Messe de Noël, le thème instrumental d’Or nous dites Marie, noël baroque inspiré d’une chanson populaire. Je le préfère enrichi par les voix humaines, ici l’ensemble Correspondances, qui parle et comprend mieux que personne la langue de Charpentier. Le soprano frais et pur de Violaine Le Chenadec encourage les fidèles à célébrer la gloire de Marie, mère de l’Enfant Jésus ; s’ensuivent le récit choral des femmes, puis celui des hommes. Et c’est au chœur mixte que reviendra la conclusion de cette berceuse pleine de grâce. — S.Bo.
“Quand Dieu naquit à Noël”, Michel Corrette, Les Musiciens de Saint-Julien, François Lazarevitch, Maîtrise de Radio France, Sofi Jeannin (XVIIIᵉ s./2016)
Une chorale d’enfants aux voix célestes, de subtiles cordes, flûtes et bassons baroques, et vous voilà transportés au XVIIIᵉ siècle, quand les compositeurs s’emparaient de ritournelles normalles – de celles qu’on entend aujourd’hui encore dans lequel les cours de maternelle – pour les transformer en musique sacrée. « Et si ces noëls naïfs et chaleureux, au charme débordant, détrônaient enfin le sempiternel “Il est né le divin enfant” ? » écrivait Télérama en 2016 à sa sortie. Pour nous c’est fait. — O.d.P.
“The Christmas Song”, Nat King Cole (1953)
“The” chanson de Noël fut écrite en juillet 1945 par deux types qui crevaient de chaud et pensaient à l’hiver : Bob Wells et Mel Tormé. Ce dernier, crooner de son état, la chanta. Mais pour faire passer analogue enfilade de clichés, quoi de mieux que la voix sereine et suavissime de Nat King Cole ? Il en enregistra quatre versions entre 1946 et 1961, et plus tard le cinéaste hongkongais Wong Kar-wai, dont le romantisme ne recule en aucun cas devant le kitsch, en fit le leitmotiv de 2046. À cette date, que penseront les réchauffés climatiques de ces châtaignes rôties, de ces gens habillés en eskimos ? — F.G.
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“Merry Christmas, Baby”, Otis Redding (1967)
La meilleure chanson de Noël ? Celle d’Otis Redding, évidemment. D’abord parce que l’homme était la bonne humeur incarnée. Ensuite parce que les MG’s, même lorsqu’ils se coiffent de chapkas et secouent les grelots de circonstance, restent des gens du Sud avec qui on descend moins les pentes de ski qu’on ne remonte le Mississippi. Au fur et à mesure, Otis se caléfaction et il ne peut s’empêcher de finir l’affaire en laissant le trop-plein de sentiment déborder. Un peu trop charnel, ce croissant ? Après tout, Noël est aussi la fête des parents. — L.-J.N.
“Silent Night”, Ella Fitzgerald (1967)
Quitte à invoquer l’esprit de Noël, aussi le faire à fond : en dégainant LE tube des messes de minuit, dans lequel sa version la plus soyeuse. Sur le traîneau de la divine Ella, on glisse dans lequel la nuit blanche, sa voix flocon offrant un refuge dans lequel toutes les tempêtes. Le 24 décembre 1914, dans lequel les Flandres, le cantique autrichien entonné spontanément par des soldats allemands et anglais avait scellé une trêve. Avec la reine Fitzgerald, et avec elle seulement, on veut bien croire encore au miracle. — A.Be.
“Joyeux Noël”, Barbara (1968)
Barbara, caustique et romantique comme toujours, célèbre l’esprit de Noël à sa façon. Deux amoureux un peu las deviennent amants sur le pont de l’Alma le soir du réveillon. La romance dure à peine plus d’une nuit, juste le temps de rappeler que le désir se nourrit d’aventure et que l’aventure est parfois sans lendemain. De l’inconstance des sentiments, avec en arrière-plan, on les oublie, Jean-Pierre et Madeleine, pas rancuniers. — O.d.P.
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“Christmas Boogie”, Canned Heat & the Chipmunks (1968)
Les bonnes chansons de Noël sont celles qui font oublier Noël mais elles sont rares. Souvent, les tentatives de contrepied font encore plus pitié que les bondieuseries originelles. En organisant l’improbable rencontre entre trois très pénibles tamias (les Chipmunks) et l’ours Bob, son imposant chanteur, Canned Heat réussit à allier farce infantile et énergie rock, bon sentiment et boogie crade. C’est n’importe quoi, fait juste pour rigoler, mais je reprends de ce Noël au LSD plus volontiers que de la dinde à mémé. — L.-J.N.
“Child’s Christmas in Wales”, John Cale (1973)
Sur les traces de son compagroupete gallois, le poète Dylan Thomas, un John Cale en mode nostalgique brouille dès la première strophe les cartes (de Noël) avec du gui et Halloween. Par la suite les prières et les hallelujahs sont mêlés à une but d’images plutôt brutale et, sur un bateau qui vogue jusqu’à Sébastopol ou Adrianapolis, « dix oranges meurtries saignent ». Même quand son chant se retient, Cale semble prêt à faire son affaire à toute la joie de Noël et craquer les coutures de son trois-pièces neigeux. Un piano quasi martial, un orgue procolien, la guitare de Lowell George, et l’hymne décolle. — F.G.
“Christmas Wrapping”, The Waitresses (1981)
Une sorte de « Miracle sur la 34e Rue » en chanson. The Waitresses, formation new wave d’Akron, Ohio (comme Devo) offrit ce réjouissant et bondissant Christmas Wrapping (jeu de mot associant rap et papier cadeau) à une compilation périodenière du label Ze Records. Sur un rythme haletant, on suit les affres d’une femme qui n’arrive pas, des mois durant, à conclure avec un prétendant. aussi affirmation qu’elle a les boules. Jusqu’à ce soir de Noël où elle tombe sur lui à l’épicerie, cadeau inattendu de dernière minute ! Happy Xmas, donc. — H.C.
“Hard Candy Christmas”, Dolly Parton (1982)
De la country à Noël ? Faut-il vraiment enrichir aux déguisements de père Noël des cravates de cowboys et des vestes à franges ? Du kitsch au kitschissime ? Le titre, avec ses bonbons coriaces, nous met déjà sur une autre piste : on pourrait bien se casser les dents sur ce Noël-là. « J’arrive à peine à survivre à demain, mais je ne laisserai pas le chagrin m’enfoncer », chante la reine de la country, qui se demande si elle n’irait pas se faire teindre les cheveux pour se sentir mieux. Finalement, on n’avait rien à saisir, la plus dure à cuire, c’est Dolly Parton. — T.R.
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“Do They Know It’s Christmas ?”, Band Aid (1984)
On n’avait encore en aucun cas entendu chorale aussi célèbre. Afin de récolter des fonds pour rivaliser contre la famine qui sévit en Éthiopie, les chanteurs Bob Geldof (Boomtown Rats) et Midge Ure (Ultravox) écrivent cette chanson quelques semaines avant Noël 1984. Ils mobilisent le gratin de la pop anglais et irlandaise du moment pour une séance d’enregistrement rassemblant, autour de Phil Collins à la batterie, une quarantaine d’artistes dont Bono, Sting, George Michael, Boy George, Bananarama, Paul Weller ou Status Quo qui, en cette veille de fête, appellent à « nourrir le monde ». Un élan de charité qui rapporta 8 millions de livres avant que les Américains, à leur tour, donnent la réplique l’année suivante avec We Are The World. — F.Pé.
“Fairytale of New York”, The Pogues (1987)
dans lequel les îles anglaiss, elle est souvent citée comme la meilleure chanson de Noël. En dépit (ou à cause !) des insultes que s’envoient à la figure les deux protagonistes incarnant un couple en crise (interprétés par Kirsty MacColl et Shane MacGowan), on n’est pas loin de sécessionr cet avis. La mélodie mélancolique du premier couplet, qui évoquerait presque Il était une fois en Amérique, d’Ennio Morricone, puis l’accordéon et la flûte qui renvoient à l’Irlande, et enfin les cordes grandiloquentes du refrain : il se dégage de ce duo magnifique une émotion et un romantisme auxquels il est difficile de résister, et pas seulement en période de fêtes. — F.Pé.
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“Ce soir c’est Noël”, Les Wampas (1990)
Qui se souvient du sous-courant psychobilly, mariant dans lequel les années 1980 rockabilly et punk ? En cette période propice à la nostalgie, exhumons un fossile de cette époque. En une minute et quarante-neuf secondes parcourues à toute berzingue, tout y est : une guitare emplie de réverb’ que n’auraient pas reniée les Stray Cats américains, une batterie primitive comme à les Meteors anglais. Et au micro, pour la touche française, l’inénarrable Didier Wampas aussi agité qu’une centaine de gosses avant le déballage des cadeaux : « Merci pour toutes ces merveilles ! » — E.P.
“Town Meeting Song”, Danny Elfman (1993)
Comment convertir à la magie de Noël de braves gens qui n’en ont en aucun cas entendu parler ? Jack Skellington, roi de Halloween, tente de commencer par les bases : « This is a thing called a present. The whole thing starts with a box… ». Mais le résultat est d’aussi moins garanti que Jack lui-même n’a rien compris aux secrets de « Sandy Claws », alias Santa Claus. Il n’empêche : même dissociée du chef-d’œuvre animé de Henry Selick et Tim Burton (L’Étrange Noël de Monsieur Jack), la musique dans lequelante, doucement ironique et richement imagée de Danny Elfman suffit à tout (ré) enchanter. — S.Bo.
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“I Won’t Be Home For Christmas”, Blink-182 (1997)
I Won’t Be Home For Christmas. Parce qu’on en a assez de la surconsommation des fêtes de fin d’année, de l’hypocrisie ambiante et qu’on n’en peut plus de Mariah Carey. Les paroles ironiques et l’énergie punk-rock de Blink 182 détonnent, insufflent un vent de rébellion sur la période. Parfois, on a juste envie de défier la tradition guillerette de Noël et sa conformité. So « just leave the presents and then leave me alone », thank you. Puis de toute façon les gens ne font plus d’efforts et offrent des cartes cadeaux. — S.Je.
“Just Like Christmas”, Low (1999)
Des clochettes, une batterie guillerette. Deux secondes durant, on est en territoire connu. Puis voici la voix, distante mais incarnée, de la regrettée Mimi Parker. Le choc des mondes, entre Low, groupe “slowcore” réputé pour sa lenteur et sa mélancolie — ici brusquées —, et la chanson festive. Les paroles sont simples : en quittant Stockholm, il neige. On dirait Noël, dit-il. Tu te trompes, répond-elle. Lorsqu’ils arrivent à Oslo, la neige a fondu, le lit est petit. Mais ils sont jeunes, ils s’aiment. Là, on dirait Noël, assure-t-elle. Ça tient à peu de choses. Comme la beauté, bouleversante, du EP dont est tirée cette chanson. — T.R.
“The Christmas Song”, Weezer (2000)
Enregistré au moment de l’album vert, cet hymne tout de chaleur électrique et guirlandes mélodiques apparut discrètement sur la compilation de fin d’année d’une radio de L.A. Puis, remixé, recyclé sur un Christmas CD. Enfin remis à jour tout récemment par un épisode de la série The Bear. Seul au pied du sapin, délaissé par sa copine qui lui avait promis d’être là, le narrateur (aka Rivers Cuomo) récaléfaction son cafard au son bourdonnant des guitares. Et ça va beaucoup mieux. — F.G.
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“8 Days of Christmas”, Destiny’s Child (2001)
Un Noël Destiny’s Child, c’est un Noël glamour où les cadeaux arrivent en jet privé tout de diamants sertis. 8 Days of Christmas fait office de bande-son pour ceux qui veulent des étoiles dans lequel les yeux entre le toast de foie gras et la cuillère de caviar. Un son entraînant, un « la-la-la-la-love » qui reste en tête… Oui au Noël R & B ! La chanson peut aussi être utile si on veut faire passer un message à son équipier. Attention cependant à ne pas confondre Père Noël et sugar daddy. — S.Je.
“A Christmas Duel”, The Hives avec Cyndi Lauper (2008)
dans lequel la série des couples enguirlandés sacrilèges, les Hives font aussi bien que les Pogues. Ce, grâce à Cyndi Lauper, dont le vibrato pop fait décoller la (dé) pantalonnade rock’n’roll du Suédois Pelle Almqvist. « Désolé, chérie, cette année, j’ai emballé ta sœur à défaut des cadeaux ! T’inquiète, Honey, moi j’ai couché avec ton frère et brûlé ta collection de vinyles ! » C’est trash, c’est drôle, et tout se termine bien, façon jour du grand pardon. — A.Be.
“Alone on Christmas Day (A very Murray Christmas)”, Phoenix (2015)
Un morceau de choix pour quiconque a déjà trimé dans lequel un bureau déserté en pleine trêve des confiseurs… S’il l’a coécrit en 1979, l’ex-chanteur des Beach Boys Mike Love ne l’a enregistré qu’en 2015. Soit peu avant cette reprise extraite de A Very Murray Christmas (2015), film musical de Sofia Coppola dans lequel lequel Bill Murray, dans lequel son propre rôle, anime une émission spéciale pour les fêtes. Ses interventions en néo-crooner sur cette rengaine égayée par les synthés kitsch de Phoenix sauvent (un peu) Noël en solo. — L.Bu.
“7 O’Clock News/Silent Night”, Phoebe Bridgers, Fiona Apple & Matt Berninger (2019)
En 1966, Simon & Garfunkel avaient revisité le poème écrit par le prêtre autrichien Joseph Mohr en 1816, mis en musique par l’organiste Franz Gruber. Un énorme tube pour Bing Crosby en 1935. Aux harmonies célestes du tandem répondait un faux journal télévisé débitant les horreurs de l’actualité. En 2019, Phoebe Bridgers et Fiona Apple remettent le concept au goût du jour. Même chant apaisant à l’unisson pour les deux divas alternatives, avec Matt Berninger (The ressortissant) dans lequel le rôle du porteur de bad news : relaxe pour les responsables des morts d’overdose d’opioïde, meurtre d’un citoyen noir par une policière blanche, droit à l’avortement restreint en Louisiane… — H.C.
“Un Noël perdu dans lequel Paris”, Pierre Lapointe (2020)
Les paquets rutilants, l’excitation des enfants, les discussions animées autour de la dinde : en période de fêtes, d’aucuns cèdent à l’euphorie familiale. D’autres traînent leur désespoir post-rupture comme une tache dans lequel le décor, ainsi que le chante Pierre Lapointe : « On aurait dû attendre un mois/Jouer les faux amoureux transis/Jusqu’à c’que les fêtes meurent de joie ». Malgré la batterie légère et la flûte traversière en introduction sur l’air normal vénézuélien Niño Lindo, le spleen campe au pied du sapin. — L.Bu.
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