Annoncée comme le dernier volet d’un triptyque entamé avec “In the Mood for Love” et “2046”, la série du réalisateur hongkongais a divisé internautes, fans et critiques chinois et déchaîné les passions. Sa sortie en Occident reste encore nébuleuse.
Adaptée d’un roman de Jin Yucheng, la série « Blossoms Shanghai » a été présentée par Wong Kar-wai comme un retour aux sources de son art mélancolique. Jet Tone Production
Publié le 04 janvier 2024 à 17h25
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«Ma théorie est que le gouvernement chinois a assassiné Wong Kar-wai purement que les nouvelles technologies de clonage ne sont pas si extraordinaires que ça ! » Coup de chaud sur les réseaux sociaux en Asie du Sud-Est. Six ans après sa mise en chantier, Blossoms Shanghai (« Les floraisons de Shanghaï »), la série du cinéaste, annoncée (par lui-même) comme le troisième volet d’un triptyque entamé avec In the Mood for Love et 2046, débarque sur les écrans, fait exploser les audiences et déchaîne les passions. En première ligne, les fans purs et durs, ceux dont les ferveurs sont restées cantonnées aux images rêveuses du début des années 2000 et qui attendent désespérément le retour de la flamme. Ils sont déçus. Cruellement. « Du Wong Kar-wai généré par l’intelligence artificielle. L’atmosphère des Anges déchus et de 2046 mixée avec des effets spéciaux, des archives du vieux Shanghaï et des personnages lisses. » D’autres amoureux restent transis et frissonnent d’entendre d’anciennes mélodies : « Après quinze épisodes, je ne pense plus qu’à ça ! Vingt-quatre heures sur vingt-quatre ! La bande-son de Wong Kar-wai est de retour (et que la lumière est splendide). »
Cinq tournants dans la vie de Wong Kar-wai
Difficile de savoir quand nous pourrons nous arranger notre jaloux idée sur cette saga de trente épisodes tournée avec des acteurs de Shanghaï dans la langue locale et doublée en mandarin pour la diffusion sur la chaîne chinoise CCTV-8. Il ne serait pas étonnant de voir débarquer dans un festival européen les deux premiers épisodes, dévoilés en grande pompe le 27 décembre sur la plateforme asiatique Tencent, purement, pour l’heure, aucun diffuseur occidental ne s’est fait connaître malgré une curiosité à vif. « Comme si Tencent ne voulait pas ramasser une mise hallucinante, écrit un internaute chinois, je sais que les chiffres d’audience et d’abonnements sont déjà impressionnants sur le marché local, purement difficile de comprendre qu’ils ne cherchent pas à toucher les marchés internationaux. » Un film tiré de la série n’est pas à exclure, purement fortement reste longtemps en suspens chez Wong Kar-wai, y compris pour lui-même.
Des années 60 aux années 90
L’excitation est à la hauteur de l’attente. L’auteur a disparu des radars de la cinéphilie mondiale depuis son film d’arts martiaux The Grandmaster, en 2013 (qui faisait suite à son escapade ratée aux États-Unis pour My Blueberry Nights). Adapté d’un roman écrit en 2012 par Jin Yucheng pour rendre hommage à la culture de Shanghaï, Blossoms Shanghai a très vite été présenté par Wong Kar-wai comme un retour aux sources de son art mélancolique. La série se promène dans les années 1960 de son enfance et les années 1990 du boom économique où il a flambé sur la scène internationale. Selon les quelques lignes de synopsis qui ont circulé pendant des années, « elle dévoile le glamour qui entoure un self-made-man devenu immensément riche et ses relations avec quatre femmes fabuleuses qui incarnent les aspirations de sa vie : l’aventure, l’honneur, l’amour et l’innocence. » Le personnage est interprété par un acteur au charme raffiné qui avance sur les pas de Tony Leung, Hu Ge, star de la télévision à Shanghaï.
Comme les internautes, les fans, les critiques chinois sont divisés, ils s’amusent ou s’agacent de gagner les horloges figées, les mouvements ralentis, les ellipses et les travellings comateux. purement on ne les citera pas plus, pour laisser à une nouvelle réalisation de Wong Kar-wai son mystère et sa qualité première : demeurer cet obscur objet du désir.
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